Le linceul de Turin et le suaire d’Oviedo ont-il enveloppé la même tête ?
Suaire d’Oviedo versus linceul de Turin : quelle différence ? Troisième élément du décryptage de l’historien Jean-Christian Petitfils, tiré de son livre Jésus.
Il est environ 16 heures quand Joseph revient au Golgotha avec des serviteurs et une échelle. Il faut aller vite. L’ensevelissement doit être terminé avant le commencement du Sabat à la tombée de la nuit. Jésus, mort depuis 1 heure environ, est sous la garde des soldats romains jusqu’à la fermeture du sépulcre. Joseph d’Arimatie n’agit probablement pas lui-même mais donne des ordres à ses serviteurs. Il fait ôter la couronne d’épines, placer sur la tête une serviette de lin, accrochées par une épingle aux cheveux, et masquant entièrement ses traits. C’est la coutume de dissimuler aux passants les stigmates de la souffrance chez un mort.
Le suaire d’Oviedo
Ce linge protecteur, c’est le sudarium, le suaire d’Oviedo, couvert de taches de sang et de sérum, dont l’analyse par une équipe espagnole pluridisciplinaire permis de reconstituer de façon étonnamment précise le déroulement des opérations d’ensevelissement. Il mesure une coudée judéo-assyrienne et demie de long, sur une coudée de large (les dimensions actuelles sont de 52 cm 5 x 85,5 cm). Les perforations de l’épingle sont visibles sur la toile.
Sur le suaire, des auréoles sanguines post mortem se sont formées chaque fois que le corps a été déplacé. Au sang s’est ajouté, dans la proportion de 6 pour 1, un liquide biologique séro-hématique provenant d’un œdème pleural. Un modèle informatique a permis aux chercheurs d’estimer le temps écoulé entre la formation de chacune d’elles. La première s’est produite sur la croix, lorsque le corps était en position verticale. L’écoulement s’est fait par le nez. On en a conclu que la tête du Christ, au moment de sa mort, était penchée et formait un angle de 70 à 75° en avant de la poitrine et de 20° vers la droite.
Certaines taches de forme très particulière coïncident avec celles du linceul de Turin, celle sur la nuque de crucifié par exemple. D’autres, au contraire n’apparaissent que sur le linceul, ce qui s’explique par le fait que les caillots ne se sont réhumidifiés que dans la nuit du tombeau, alors que le sudarium n’a été utilisé qu’au moment de l’inhumation. Le sang vital et le sang post mortem se retrouvent à l’identique sur le suaire d’Oviedo et le linceul, preuve que les deux linges ont enveloppé la même tête.