Philippe Boxho, médecin légiste, est Professeur de médecine légale à l’Université de Liège et spécialisé en médecine d’expertise. Il dirige l’institut médico-légal de l’Université de Liège depuis 2001.
Non croyant, il est également docteur en philosophie (Ph.D.) de l’Université de Liège.
Il est régulièrement invité par les médias pour donner son avis concernant des affaires qui défraient la chronique.
De la scène de crime à la salle d’autopsie, entre pratique médicale et enquête policière, Philippe Boxho a voulu raconter son quotidien dans deux ouvrages :
- Entretien avec un cadavre : Un médecin légiste fait parler les morts, (Kennes éditions 2023)
- Les morts ont la parole (Kennes éditions 2022)
Une enquête sur le Suaire de Turin
Il s’est intéressé au Suaire de Turin depuis de nombreuses années. Il considère ce linceul de Turin comme une « véritable scène de crime ». Grâce au millier d’autopsies qu’il a réalisées au cours de sa carrière, il y retrouve de nombreuses traces du supplice qu’a dû être la crucifixion de cet homme.
Dans une interview donnée au journal belge Sudinfo, il explique que l’analyse du linceul permet de conclure à la concordance avec le récit des Evangiles.
C’est l’occasion pour lui de mener une enquête sur le linceul de Turin.
Pour parvenir à ses conclusions, il procède en 2 étapes :
- d’une part, il étudie la façon dont le Christ meurt telle que les évangiles le racontent ;
- d’autre part, il observe le Suaire de Turin.
Il procède à l’analyse approfondie des textes des 4 Evangiles qui racontent la passion du Christ.
De nombreux indices concordants
L’observation approfondie du linceul de Turin permet de révéler de nombreux indices :
- le linceul reconstitue l’image couchée devant et derrière d’un homme qui est mort de la même manière que le Christ si ce n’est pas le Christ lui-même
- le corps ne s’est pas putréfié dans le linceul
- le supplicié a été placé dans le linceul mais il n’y est pas resté car l’image de ce corps est un corps intact
cet homme a reçu de nombreux coups - la mention par l’Apôtre Jean de l’eau puis du sang sortis du flanc est la seule chose scientifique dans les Evangiles – pour lui, c’est vrai
- l’emplacement des clous figure dans les poignées et non dans la paume des mains
- le supplicié n’aurait pas pu être maintenu sur la croix
- le fléchissement des genoux est particulier – normalement, un cadavre a les jambes détendues – on n’a pas pu les détendre – le supplicié meurt en étant encore rigide
- il meurt en état de l’acidose lactique comme cela se produit avec les crampes par suite de sport intensif (anaérobie) car il n’y a pas assez d’oxygène pour l’effort que l’on fournit
- il n’a pas assez d’oxygène
- tout le corps du supplicié devient une seule et même crampe – cette souffrance est autrement plus douloureuse que les clous plantés dans les poignets et les pieds : “c’est de la gnognote”
- la tête du supplicié n’est pas penchée sur un côté – la tête ne peut tomber que face dans l’axe du corps car tous les muscles sont contractés
- elle nous permet de découvrir des trucs auxquels on ne pensait pas – par exemple, le supplicié a été descendu moins de 12 heures après sa mort sur la croix sinon les jambes auraient pu être détendues – le supplicié a été installé dans le linceul en état de rigidité
L’image du suaire peut être expliquée – par exemple, les fibres de lin sont oxydées
Des scientifiques ont essayé de refaire l’image figurant sur le linceul de Turin. Il y sont arrivés. Mais cette image n’est jamais aussi belle que celle du linceul.
Une vraie provocation pour l’intelligence
Pour Philippe Boxho, affirmer que le supplicié du Suaire de Turin est le Christ est un acte de foi. Il se refuse à le faire, d’autant plus qu’il rappelle qu’il n’est pas croyant.
Aujourd’hui, on arrive aujourd’hui à expliquer la manière dont cela s’est fait. En revanche, on n’arrive pas à expliquer la précision du résultat.
Il conclut sa réflexion en citant le Pape Jean-Paul II : “C’est une vraie provocation pour l’intelligence”.
Pour aller plus loin :
- Menez l’enquête
- Une analyse aux rayons X suggère que le linceul de Turin a 2000 ans
- Quelle est la position de l’Eglise sur le linceul de Turin ?
Ecrire un commentaire :